Tout d'abord, il y a deux types de sondes : les colorimètres et les spectro-colorimètres.
Les colorimètres permettent de mesurer rapidement les très basses lumières et servent à étalonner les courbes de gamma, de sorte que les ombres aient bien la bonne luminosité par rapport aux lumières.
Mais ils sont mauvais pour estimer les couleurs. Il leur faut en effet effectuer une compensation selon le type de technologie utilisée. Et même pour chaque modèle d'écran ou de projecteur, car les constructeurs font de leur mieux pour obtenir les couleurs les plus saturées possibles, et cela change à chaque fois ce que voit une simple sonde de calibration... ainsi qu'un appareil photo, une webcam, un smartphone etc.
Les spectro-colorimètres font une analyse plus fine de tout le spectre lumineux. Ils sont capables de voir comment se comportent les couleurs en détail, et peuvent donner une référence aux simples colorimètres. Mais en contrepartie, comme ils mesurent séparément des bandes de longueurs d'onde (couleurs) étroites, ils sont moins sensibles aux faibles lumières, et moins bons pour régler les basses lumières... ou plus lents pour un résultat équivalent.
Ils se divisent entre les spectro grand public, et les spectro-radiomètres (6000 à 40000 euros), plus précis, qui sont capables de voir véritablement tout le spectre émis par nos appareils.
Dans la vidéo, on explique la notion de métamérisme : deux couleurs sont dites métamères quand elles paraissent identiques alors que leur spectre est différent. C'est ainsi qu'un écran OLED peut afficher la même chose qu'un QLED alors qu'ils n'émettent pas le même spectre. En dosant la quantité de rouge, vert et bleu, on peut retrouver exactement la même teinte (sauf les plus saturées, propres à chaque dalle) alors que les quantum dots du QLED n'ont pas tout à fait le même spectre que les OLED.
Une simple sonde se laissera berner, comme notre oeil... ou plutôt pas comme notre oeil malheureusement. Le réglage RVB pour obtenir la même couleur sur deux écrans ne sera pas le même pour notre oeil et pour la sonde. D'où les profils de compensation.
Un
spectro y verra déjà plus clair, et un spectro-
radiomètre sera encore plus précis. Il peut théoriquement prédire exactement ce que verra notre oeil sur tel ou tel appareil.
Voilà pour les bases. Maintenant, dans cette discussion, on s'intéresse à deux limitations qui viennent perturber tout cela.
La première est que pour prédire ce que voit notre oeil, un spectromètre se base sur les courbes de sensibilité de l'oeil humain :
Il mesure le spectre émis par notre écran :
Il multiplie l'un par l'autre, et en déduit les coordonnées chromatiques de la couleur :
Or, comme l'explique la vidéo, les courbes de sensibilité de l'oeil datent de 1931 et ne sont pas tout-à-fait correctes. Il en existe de plus récentes, mais elles ne sont pas tout-à-fait exactes non plus.
Résultat : il arrive qu'on voie une légère différence entre deux écrans de spectres différents alors que le spectromètre indique des couleurs identiques, et inversement.
Et si on change les courbes de sensibilité de l'oeil utilisées dans le logiciel, on obtient des résultats légèrement différents.
Le deuxième problème, brièvement évoqué à la fin de la vidéo, est que nos yeux ne sont pas tous identiques. Là, on aboutit à une équation insoluble : deux écrans de technologie différente, réglés pour délivrer une image identique pour une personne peuvent être perçus comme légèrement différent par une autre personne. Et si on règle ces deux écrans pour qu'ils soient identiques pour la seconde personne, ce sera la première personne qui les verra légèrement différents !
Cela peut se produire quand deux conditions sont réunies : les écrans doivent émettre des spectres R V B différents (second diagramme posté ci-dessus). Sinon, la lumière qu'ils émettent sera la même pour tout le monde. Et les deux personnes doivent avoir une sensibilité spectrale différente dans leurs yeux (premier diagramme posté ci-dessus). S'ils ont les mêmes yeux ils verront la même chose.
Retour au premier message de la discussion : ces deux conditions étaient potentiellement réunies : OLED Samsung d'un côté et IPS Mac de l'autre. Les diodes organiques OLED n'ont pas le même spectre que les diodes silicium éclairant la dalle IPS.
Et nous étions 5 personnes divisées en deux groupes : ceux qui voyaient une différence dans un sens, et ceux qui voyaient une différence opposée, dans l'autre sens. Peut-être que nous avions des cônes légèrement différents.
Là où cela deviendrait intéressant, ce serait de quantifier tout cela. La limite utilisée partout pour la calibration est de 3 delta E, réputée garantir un respect des couleurs.
Les écarts entre le modèle théorique et ce qu'on voit est-il inférieur ou supérieur à 3 delta E ?
Une première réponse qui serait facile à obtenir serait de comparer dans un logiciel les couleurs mesurées par un spectro en sélectionnant différents modèles de vision humaine (CIE 1931 et Judd-Vos, par exemple), et voir de combien cela change la couleur mesurée.
D'après ce que j'ai pu lire, plus la technologie d'affichage possède un spectre étroit (recherché pour couvrir un maximum de l'espace BT.2020), plus la couleur sera sensible au modèle de vision humaine choisi, et plus différentes personnes seront susceptibles de voir des couleurs différentes alors que tout est bien étalonné.