HP à radiation directe versus pavillon
Posté : 29 mai 2024, 10:46
Bonjour à tous,
Je fais un post sur la différence de fonctionnement entre un pavillon et un HP à radiation directe. C’est un ancien post de Melaudia que j’ai un peu modifié et que je mets sur ce forum.
Une approche naturelle, mais fausse est de considérer qu’un HP à pavillon fonctionne comme un HP à radiation directe : le pavillon augmenterai seulement la mesure du SPL dans l’axe du fait de sa directivité.
En réalité, un HP a pavillon est très différent d’un HP à radiation directe. Pour s’en convaincre nous allons comparer la courbe de réponse d’un même HP dans deux cas : en rayonnement direct et monté derrière un pavillon. Nous prendrons comme HP l’altec 515-8G. Nous justifierons ce choix un peu plus loin.
Nous étudierons dans un premier temps comment se comporte un circuit électrique résonnant série, nous en déduirons comment fonctionne un pavillon et un HP à radiation directe puis nous terminerons par une simulation :
Le circuit résonnant série :
Un circuit résonnant série se schématise par la figure suivante :
Ce circuit est composé de trois composants : une résistance R, un condensateur C et une bobine M. On applique une tension fixe à ce circuit et on cherche à calculer l'intensité du courant qui en résulte. Pour cela il nous faut calculer son impédance.
L'impédance de la résistance vaut Z=R et est indépendante de la pulsation (fréquence). L'impédance du condensateur vaut Z=1/Cω et varie de manière inversement proportionnelle à la pulsation. Enfin l'impédance de la bobine vaut Z=Mω et varie proportionnellement à la pulsation. Les impédances du condensateur et de la bobine sont en fait les parties imaginaires de nombres complexes. Sans rentrer dans les détails, disons que la résistance est un terme dissipatif d'énergie alors que la bobine et le condensateur emmagasine de l'énergie. De cette remarque, il résulte que l'impédance totale du circuit n'est pas la somme des trois termes ci-dessus mais s'écrit :
On constate que le terme entre parenthèse s'annule pour une valeur donnée de la pulsation qui définit la pulsation de résonance :
Simulons le comportement de ce circuit et traçons le courant en fonction de la pulsation. En prenant R=3 Ω M=5 mH et C=20 μF et une tension de 1 volt on obtient une fréquence de résonance de 500 hz. La courbe du courant est :
Cette courbe représente le courant en fonction de la pulsation normalisée (la valeur vaut 1 à la résonance) dans un diagramme log-log. On constate que le courant croit jusqu'à la valeur maximale qui est atteinte à la résonance puis décroît au-delà. On peut considérer trois zones dans cette courbe :
La plage sur laquelle le courant peut être considéré comme constant dans la zone contrôlée par la résistance (zone 2) va dépendre de la valeur des composants et notamment de l'amplitude du terme R par rapport à M et 1/C. Dans la figure ci-dessus on a calculé le courant dans le cas où la résistance vaut 35 Ω sans changer M et C (courbe rouge) :
Comme on a augmenté la résistance, le courant est plus faible, mais la plage sur laquelle il peut être considéré comme constant est plus grande. Plus on augmente la résistance, plus cette plage est étendue. Nous allons voir que c'est la raison exacte pour laquelle un haut-parleur à pavillon nécessite un facteur de surtension Qp le plus faible possible.
Modélisation d'un HP à pavillon et à radiation directe
Prenons un HP donné dont on connait les paramètres T&S. Montons ce HP devant un pavillon ou plaçons ce HP dans un baffle plan infini. Dans les deux cas, le comportement acoustique est représenté par le schéma électrique suivant :
Le courant de ce circuit est le débit du diaphragme (surface de la membrane multipliée par sa vitesse) et la tension une source de pression. Ce schéma est un circuit résonnant série de pulsation de résonance ωs correspondant à la fréquence de résonance du HP.
Mas représente la masse de l'équipage mobile et se modélise comme une bobine. Cas représente la compliance de la suspension de la membrane et se modélise par un condensateur. Ras représente les pertes par frottement de la suspension de la membrane et se modélise par une résistance. Rae représente les pertes dans la bobine du HP dues au couplage électromagnétique et est également représenté par une résistance. On trouve enfin le terme Rar qui est du point de vue du circuit une perte, mais cette perte ne s'effectue pas par effet joule comme les deux précédentes, elle constitue la transformation de l'énergie mécanique en énergie acoustique. Autrement dit la puissance dissipée dans cette résistance suivant la classique formule Pa= Rar qd^2 est la puissance acoustique produite par le haut parleur.
Toutes les résistances dissipant de l'énergie sont la source d'un amortissement de la membrane et se caractérisent par un coefficient de surtension Q.
Le coefficient de surtension étant inversement proportionnels à la résistance, plus l'amortissement est élevé (R grand) plus le coefficient de surtension est faible (Q petit). Le Qms d'un HP étant généralement plus élevé que le Qes, c'est donc bien la bobine électrique via le couplage électromagnétique qui amortit la membrane. On peut s'en rendre compte facilement en tapotant la membrane d'un HP de grave. Son amortissement est bien plus rapide lorsque la bobine est en court-circuit que lorsque elle est ouverte.
La résistance Rar qui modélise la conversion de l'énergie mécanique en énergie acoustique est un peu particulière. Notons que c'est le seul composant qui change entre un HP monté sur un baffle plan et le même sur un pavillon. Mais, justement, ça change tout
En effet l'étude mathématique du rayonnement montre que cette résistance est très différente entre un HP rayonnant à l'air libre et un HP chargé par un pavillon.
Pour illustrer la chose, le plus simple est de tracer la valeur de Rr. On obtient :
L'axe X est gradué en ka. Remarquons simplement que quand ka=1 la fréquence est telle que sa longueur d'onde correspond à Pi.d avec d le diamètre de la membrane. Autrement dit, lorsque la longueur d'onde est supérieure à la taille de la membrane, le terme Rr est constant et vaut 1. Et lorsque la longueur d'onde est plus petite que la taille de la membrane la valeur de Rr est inférieure à 1 et décroît lorsque la fréquence décroît. On peut alors montrer que Rr est proportionnel au carré la pulsation.
L'impédance de rayonnement vaut précisément :
Ce qu'il faut retenir au-delà de ces formules rébarbatives est que pour un haut-parleur à radiation directe qui fonctionne à des fréquences dont les longueurs d'ondes sont largement inférieures à la taille de la membrane, la résistance de rayonnement est faible et proportionnelle au carré de la pulsation.
Évidemment, le fait que la résistance de rayonnement dépende de la fréquence complexifie le calcul du courant du circuit acoustique. Cependant, dans les basses fréquences en regard de la taille de la membrane, le diagramme ci-dessus montre que le terme Rr est très petit. Ainsi donc, la valeur de la résistance de rayonnement est négligée dans le calcul du débit de la membrane (qd) et on ne prend en compte comme résistance que les valeurs Ras et Rae.
Elle est constante, indépendante de la fréquence et purement résistive. Cette valeur n'est bien sûr valable que dans la plage de fonctionnement du pavillon et donc au-delà de sa fréquence de coupure et pour un pavillon adapté (c'est-à-dire se comportant comme un pavillon infini).
Ainsi, la résistance de rayonnement de la membrane dans le cas d’un pavillon vaut l'impédance spécifique de l'air divisé par la surface de la gorge. On remarquera une différence fondamentale par rapport au HP à radiation directe, qui est qu'on peut moduler la valeur de cette résistance pour un HP donné en faisant varier la surface de la gorge. On peut notamment augmenter cette résistance en diminuant la valeur de la surface de la gorge.
Dans le cas d'un HP à pavillon, la valeur de Rar n'est pas négligeable en regard de Rar et Rae. Non seulement sa valeur est prise en compte pour calculer le débit de la membrane mais Rar introduit un terme d'amortissement supplémentaire caractérisé par un facteur de surtension du pavillon noté Qp qui vaut :
Nous pouvons maintenant faire le lien entre le fonctionnement d'un HP et les zones de contrôles d'un circuit résonant série dont nous avons parlées. Nous avons vu que dans le cas d'un HP à radiation directe la résistance de rayonnement varie proportionnellement avec la fréquence. La puissance acoustique rayonnée étant donnée par l'expression Pa=Rar qd^2, pour que cette puissance ne varie pas en fonction de la fréquence il faut que le débit varie de manière inversement proportionnelle à la fréquence pour qu’élevé au carré il compense la variation du terme Rar. Or ceci est la caractéristique propre de la zone 3, dans laquelle le circuit est contrôlé par la masse.
Ainsi donc, par nature, un HP à radiation directe fonctionne sous le régime de la masse et sa plage de fonctionnement se situe au-delà de la fréquence de résonance.
Dans le cas d'un HP à pavillon, la résistance de rayonnement est constante. Il faut donc que le débit du diaphragme soit également constant pour que la puissance rayonnée soit constante. Ainsi donc, par nature, un HP à pavillon fonctionne sous le régime du contrôle par la résistance (zone 2) et sa plage de fonctionnement se situe autour de la fréquence de résonance.
Il y a deux conséquences à cela :
Il n’y a théoriquement pas de limite à augmenter la bande passante en diminuant la section de la gorge. Cependant, en augmentant trop la bande passante, on perd en rendement. Il y a en effet, pour un HP donné, une section de gorge qui maximise le rendement. Il y a d’autres limites technologiques, notamment sur la réalisation de la pièce de phase.
Simulations :
Nous terminerons par une simulation pour illustrer ces propos. Nous utiliserons le HP Alte 515-8G pour l'exemple. Ses paramètres sont : R=6,2 Ω Fs=37 hz Qms=5 Qes=0,284 Qts=0,268 Vas=350 l Sd=848 cm2.
Ce HP est de conception ancienne avec un petit Xmax. Il constitue toutefois un excellent choix pour un pavillon de grave car il procure en grande linéarité de la réponse.
Nous désirons réaliser un pavillon dont la bande passante est Fb=10 hz à Fh=250 hz. C'est évidemment un cas d'école !
Pour cela il faut calculer le volume de la charge arrière au HP, la surface de gorge, la fréquence de coupure du pavillon et le facteur de forme.
La fréquence de résonance du HP monté dans sa boite Fp doit se situer de telle manière que les fréquences de coupure basse Fb et Fh soient de part et d'autre de cette fréquence. On peut montrer qu'il faut :
On obtient la valeur de 50 hz. Il faut donc remonter la fréquence de résonance du HP avec un système de suspension acoustique.
Le coefficient de surtension total du pavillon pour respecter la bande passante est donné par :
On obtient 0.19. Cette valeur est plus faible que le Qts du HP qui vaut 0,268. C'est donc le coefficient de surtension du pavillon, le terme Qp, qui provient de la résistance de rayonnement qui va être calculé de telle manière à obtenir la valeur totale de 0.19. Cela va fixer la surface de la gorge.
Il faut enfin calculer les paramètres du pavillon. Pour limiter sa taille, on choisit un pavillon hyperbolique de fréquence de coupure Fb et on ajuste le facteur de forme pour que la compliance de l'enceinte arrière annule la réactance de gorge (célèbre papier de Leach : On the Specification of Moving-Coil Drivers for Low-Frequency Horn-Loaded Loudspeakers).
Utilisons Hornresp pour simuler ce pavillon. En demandant à Hornrep de calculer le pavillon avec ce HP pour une bande passante de 10h à 250 hz avec un rayonnement en 2pi (in-wall), on obtient :
Le volume de l'enceinte arrière calculé par Hornresp est Vrc=423 l. On peut vérifier cette valeur. On sait que dans le cas d'un système par suspension acoustique, le facteur de compliance et la fréquence de résonance du HP dans la boite sont donnés par :
avec alpha le facteur de compliance et Vb le volume de l'enceinte. Le calcul avec Fp=50 hz et Fs=37 hz donne alpha=0,82 et on trouve bien Vb=423 l.
La réponse en fréquence de ce pavillon est donnée par la courbe suivante (tension d’excitation de 2,83v):
Le rendement est autour de 107 db/w/m. L’excursion de la membrane pour cette même puissance vaut :
En faisant varier la tension, on obtient les valeurs suivantes du niveau et de l'excursion de la membrane :
Ce pavillon avec son HP produira bien 120 db autour de 10-15hz pour 20W en entrée.
Alors évidemment, on ne réalisera pas ce pavillon pour plusieurs raisons :
Si l’on compare maintenant la fréquence de coupure de ce HP monté sur un baffle plan infini. Celle-ci s’exprime par :
Dans le cas de l'Altec 515 avec Fs=37 hz et Qts=0,268 cela conduit à 128 hz. Donc ce même HP passera le 10hz monté sur un pavillon et ne descendra pas plus bas que 128 hz sur un baffle plan alors que le circuit électrique qui modélise son comportement ne diffère qu'un d'un seul composant qui est la résistance de rayonnement. Comme je le disais, ça change tout
Evidemment, ce HP est bien adapté à une charge pavillonnaire (Fs élevé, Qes faible, EBP qui vaut 130, élevé) et n'est pas du tout adapté à une radiation directe pour faire du grave.
Pour faire du grave on utilisera un BR, une Fs basse, un Qes élevé et un Xmax élevé. Si l'on choisit par exemple un alignement Tchebychev avec 1 db d'ondulation correspondant à un Qts de 0,624, la fréquence de coupure sera inférieure à la fréquence de résonance. Ce haut parleur ne sera pas adapté à la charge pavillonnaire parce que son Qts élevé ne permettra pas une bande passante élevée.
Conclusion :
L'idée de ce post était de montrer la différence de fonctionnement entre un HP à radiation directe et un pavillon avec un cas d'école (pavillon de grave de fc 10 hz).
Au vu de ces explications, on peut comprendre combien le HP à radiation directe est une aberration. Un rendement de seulement quelques pourcents, un fonctionnement dans la zone de contrôle par la masse du fait d'une impédance de rayonnement non constante en fonction de la fréquence (un coup de bol finalement, que ça donne une courbe de réponse plate en fréquence).
Bien évidemment, dans les très basses fréquences (<25 hz), les pavillons sont inexploitables et dans la zone jusqu'à 400-600 hz, ils sont de tailles imposantes.
Dans les TBF, on est alors amené à utiliser des HP à membranes lourdes sous-amorti avec quelques KW d'amplificateurs…
Cordialement
Jean
Je fais un post sur la différence de fonctionnement entre un pavillon et un HP à radiation directe. C’est un ancien post de Melaudia que j’ai un peu modifié et que je mets sur ce forum.
Une approche naturelle, mais fausse est de considérer qu’un HP à pavillon fonctionne comme un HP à radiation directe : le pavillon augmenterai seulement la mesure du SPL dans l’axe du fait de sa directivité.
En réalité, un HP a pavillon est très différent d’un HP à radiation directe. Pour s’en convaincre nous allons comparer la courbe de réponse d’un même HP dans deux cas : en rayonnement direct et monté derrière un pavillon. Nous prendrons comme HP l’altec 515-8G. Nous justifierons ce choix un peu plus loin.
Nous étudierons dans un premier temps comment se comporte un circuit électrique résonnant série, nous en déduirons comment fonctionne un pavillon et un HP à radiation directe puis nous terminerons par une simulation :
Le circuit résonnant série :
Un circuit résonnant série se schématise par la figure suivante :
Ce circuit est composé de trois composants : une résistance R, un condensateur C et une bobine M. On applique une tension fixe à ce circuit et on cherche à calculer l'intensité du courant qui en résulte. Pour cela il nous faut calculer son impédance.
L'impédance de la résistance vaut Z=R et est indépendante de la pulsation (fréquence). L'impédance du condensateur vaut Z=1/Cω et varie de manière inversement proportionnelle à la pulsation. Enfin l'impédance de la bobine vaut Z=Mω et varie proportionnellement à la pulsation. Les impédances du condensateur et de la bobine sont en fait les parties imaginaires de nombres complexes. Sans rentrer dans les détails, disons que la résistance est un terme dissipatif d'énergie alors que la bobine et le condensateur emmagasine de l'énergie. De cette remarque, il résulte que l'impédance totale du circuit n'est pas la somme des trois termes ci-dessus mais s'écrit :
On constate que le terme entre parenthèse s'annule pour une valeur donnée de la pulsation qui définit la pulsation de résonance :
Simulons le comportement de ce circuit et traçons le courant en fonction de la pulsation. En prenant R=3 Ω M=5 mH et C=20 μF et une tension de 1 volt on obtient une fréquence de résonance de 500 hz. La courbe du courant est :
Cette courbe représente le courant en fonction de la pulsation normalisée (la valeur vaut 1 à la résonance) dans un diagramme log-log. On constate que le courant croit jusqu'à la valeur maximale qui est atteinte à la résonance puis décroît au-delà. On peut considérer trois zones dans cette courbe :
- La zone 1
- La zone 3
- La zone 2
La plage sur laquelle le courant peut être considéré comme constant dans la zone contrôlée par la résistance (zone 2) va dépendre de la valeur des composants et notamment de l'amplitude du terme R par rapport à M et 1/C. Dans la figure ci-dessus on a calculé le courant dans le cas où la résistance vaut 35 Ω sans changer M et C (courbe rouge) :
Comme on a augmenté la résistance, le courant est plus faible, mais la plage sur laquelle il peut être considéré comme constant est plus grande. Plus on augmente la résistance, plus cette plage est étendue. Nous allons voir que c'est la raison exacte pour laquelle un haut-parleur à pavillon nécessite un facteur de surtension Qp le plus faible possible.
Modélisation d'un HP à pavillon et à radiation directe
Prenons un HP donné dont on connait les paramètres T&S. Montons ce HP devant un pavillon ou plaçons ce HP dans un baffle plan infini. Dans les deux cas, le comportement acoustique est représenté par le schéma électrique suivant :
Le courant de ce circuit est le débit du diaphragme (surface de la membrane multipliée par sa vitesse) et la tension une source de pression. Ce schéma est un circuit résonnant série de pulsation de résonance ωs correspondant à la fréquence de résonance du HP.
Mas représente la masse de l'équipage mobile et se modélise comme une bobine. Cas représente la compliance de la suspension de la membrane et se modélise par un condensateur. Ras représente les pertes par frottement de la suspension de la membrane et se modélise par une résistance. Rae représente les pertes dans la bobine du HP dues au couplage électromagnétique et est également représenté par une résistance. On trouve enfin le terme Rar qui est du point de vue du circuit une perte, mais cette perte ne s'effectue pas par effet joule comme les deux précédentes, elle constitue la transformation de l'énergie mécanique en énergie acoustique. Autrement dit la puissance dissipée dans cette résistance suivant la classique formule Pa= Rar qd^2 est la puissance acoustique produite par le haut parleur.
Toutes les résistances dissipant de l'énergie sont la source d'un amortissement de la membrane et se caractérisent par un coefficient de surtension Q.
Le coefficient de surtension étant inversement proportionnels à la résistance, plus l'amortissement est élevé (R grand) plus le coefficient de surtension est faible (Q petit). Le Qms d'un HP étant généralement plus élevé que le Qes, c'est donc bien la bobine électrique via le couplage électromagnétique qui amortit la membrane. On peut s'en rendre compte facilement en tapotant la membrane d'un HP de grave. Son amortissement est bien plus rapide lorsque la bobine est en court-circuit que lorsque elle est ouverte.
La résistance Rar qui modélise la conversion de l'énergie mécanique en énergie acoustique est un peu particulière. Notons que c'est le seul composant qui change entre un HP monté sur un baffle plan et le même sur un pavillon. Mais, justement, ça change tout
En effet l'étude mathématique du rayonnement montre que cette résistance est très différente entre un HP rayonnant à l'air libre et un HP chargé par un pavillon.
- HP à radiation directe
Pour illustrer la chose, le plus simple est de tracer la valeur de Rr. On obtient :
L'axe X est gradué en ka. Remarquons simplement que quand ka=1 la fréquence est telle que sa longueur d'onde correspond à Pi.d avec d le diamètre de la membrane. Autrement dit, lorsque la longueur d'onde est supérieure à la taille de la membrane, le terme Rr est constant et vaut 1. Et lorsque la longueur d'onde est plus petite que la taille de la membrane la valeur de Rr est inférieure à 1 et décroît lorsque la fréquence décroît. On peut alors montrer que Rr est proportionnel au carré la pulsation.
L'impédance de rayonnement vaut précisément :
Ce qu'il faut retenir au-delà de ces formules rébarbatives est que pour un haut-parleur à radiation directe qui fonctionne à des fréquences dont les longueurs d'ondes sont largement inférieures à la taille de la membrane, la résistance de rayonnement est faible et proportionnelle au carré de la pulsation.
Évidemment, le fait que la résistance de rayonnement dépende de la fréquence complexifie le calcul du courant du circuit acoustique. Cependant, dans les basses fréquences en regard de la taille de la membrane, le diagramme ci-dessus montre que le terme Rr est très petit. Ainsi donc, la valeur de la résistance de rayonnement est négligée dans le calcul du débit de la membrane (qd) et on ne prend en compte comme résistance que les valeurs Ras et Rae.
- HP à pavillon
Elle est constante, indépendante de la fréquence et purement résistive. Cette valeur n'est bien sûr valable que dans la plage de fonctionnement du pavillon et donc au-delà de sa fréquence de coupure et pour un pavillon adapté (c'est-à-dire se comportant comme un pavillon infini).
Ainsi, la résistance de rayonnement de la membrane dans le cas d’un pavillon vaut l'impédance spécifique de l'air divisé par la surface de la gorge. On remarquera une différence fondamentale par rapport au HP à radiation directe, qui est qu'on peut moduler la valeur de cette résistance pour un HP donné en faisant varier la surface de la gorge. On peut notamment augmenter cette résistance en diminuant la valeur de la surface de la gorge.
Dans le cas d'un HP à pavillon, la valeur de Rar n'est pas négligeable en regard de Rar et Rae. Non seulement sa valeur est prise en compte pour calculer le débit de la membrane mais Rar introduit un terme d'amortissement supplémentaire caractérisé par un facteur de surtension du pavillon noté Qp qui vaut :
Nous pouvons maintenant faire le lien entre le fonctionnement d'un HP et les zones de contrôles d'un circuit résonant série dont nous avons parlées. Nous avons vu que dans le cas d'un HP à radiation directe la résistance de rayonnement varie proportionnellement avec la fréquence. La puissance acoustique rayonnée étant donnée par l'expression Pa=Rar qd^2, pour que cette puissance ne varie pas en fonction de la fréquence il faut que le débit varie de manière inversement proportionnelle à la fréquence pour qu’élevé au carré il compense la variation du terme Rar. Or ceci est la caractéristique propre de la zone 3, dans laquelle le circuit est contrôlé par la masse.
Ainsi donc, par nature, un HP à radiation directe fonctionne sous le régime de la masse et sa plage de fonctionnement se situe au-delà de la fréquence de résonance.
Dans le cas d'un HP à pavillon, la résistance de rayonnement est constante. Il faut donc que le débit du diaphragme soit également constant pour que la puissance rayonnée soit constante. Ainsi donc, par nature, un HP à pavillon fonctionne sous le régime du contrôle par la résistance (zone 2) et sa plage de fonctionnement se situe autour de la fréquence de résonance.
Il y a deux conséquences à cela :
- La fréquence de coupure d'un pavillon est donc nécessairement plus basse que celle du même HP rayonnant à l'air libre puisqu’elle s’étend en dessous de Fs alors que le même HP monté sur baffle plan ne descendra pas en dessous de Fs.
- Le facteur de surtension total du circuit joue un rôle fondamental dans la bande passante du pavillon. Il faut comme nous l'avons dit avoir un coefficient de surtension le plus faible possible pour une bande passante élevée. Le facteur de surtension d'un HP à radiation directe n'a pas d'effet sur la bande passante de ce haut-parleur. Il ne joue que sur la valeur de la fréquence de coupure basse.
Il n’y a théoriquement pas de limite à augmenter la bande passante en diminuant la section de la gorge. Cependant, en augmentant trop la bande passante, on perd en rendement. Il y a en effet, pour un HP donné, une section de gorge qui maximise le rendement. Il y a d’autres limites technologiques, notamment sur la réalisation de la pièce de phase.
Simulations :
Nous terminerons par une simulation pour illustrer ces propos. Nous utiliserons le HP Alte 515-8G pour l'exemple. Ses paramètres sont : R=6,2 Ω Fs=37 hz Qms=5 Qes=0,284 Qts=0,268 Vas=350 l Sd=848 cm2.
Ce HP est de conception ancienne avec un petit Xmax. Il constitue toutefois un excellent choix pour un pavillon de grave car il procure en grande linéarité de la réponse.
Nous désirons réaliser un pavillon dont la bande passante est Fb=10 hz à Fh=250 hz. C'est évidemment un cas d'école !
Pour cela il faut calculer le volume de la charge arrière au HP, la surface de gorge, la fréquence de coupure du pavillon et le facteur de forme.
La fréquence de résonance du HP monté dans sa boite Fp doit se situer de telle manière que les fréquences de coupure basse Fb et Fh soient de part et d'autre de cette fréquence. On peut montrer qu'il faut :
On obtient la valeur de 50 hz. Il faut donc remonter la fréquence de résonance du HP avec un système de suspension acoustique.
Le coefficient de surtension total du pavillon pour respecter la bande passante est donné par :
On obtient 0.19. Cette valeur est plus faible que le Qts du HP qui vaut 0,268. C'est donc le coefficient de surtension du pavillon, le terme Qp, qui provient de la résistance de rayonnement qui va être calculé de telle manière à obtenir la valeur totale de 0.19. Cela va fixer la surface de la gorge.
Il faut enfin calculer les paramètres du pavillon. Pour limiter sa taille, on choisit un pavillon hyperbolique de fréquence de coupure Fb et on ajuste le facteur de forme pour que la compliance de l'enceinte arrière annule la réactance de gorge (célèbre papier de Leach : On the Specification of Moving-Coil Drivers for Low-Frequency Horn-Loaded Loudspeakers).
Utilisons Hornresp pour simuler ce pavillon. En demandant à Hornrep de calculer le pavillon avec ce HP pour une bande passante de 10h à 250 hz avec un rayonnement en 2pi (in-wall), on obtient :
Le volume de l'enceinte arrière calculé par Hornresp est Vrc=423 l. On peut vérifier cette valeur. On sait que dans le cas d'un système par suspension acoustique, le facteur de compliance et la fréquence de résonance du HP dans la boite sont donnés par :
avec alpha le facteur de compliance et Vb le volume de l'enceinte. Le calcul avec Fp=50 hz et Fs=37 hz donne alpha=0,82 et on trouve bien Vb=423 l.
La réponse en fréquence de ce pavillon est donnée par la courbe suivante (tension d’excitation de 2,83v):
Le rendement est autour de 107 db/w/m. L’excursion de la membrane pour cette même puissance vaut :
En faisant varier la tension, on obtient les valeurs suivantes du niveau et de l'excursion de la membrane :
Ce pavillon avec son HP produira bien 120 db autour de 10-15hz pour 20W en entrée.
Alors évidemment, on ne réalisera pas ce pavillon pour plusieurs raisons :
- L'excursion linéaire maximale de l'altec qui est de 4mm. Avec de plus la surface d'un seul HP, cela conduira à une importante distorsion dans la plage 10-15hz. Ce problème peut toutefois être résolu en mettant plusieurs HP en parallèle (6 ou 12).
- Mais le problème majeur est la taille du pavillon. Il fait 19 m de long et son embouchure est de 47 m2. Un auditorium de 6 m de large et de 4 m de haut conduit à un mur de 24 m2. En multipliant les HP on pourra diminuer sa longueur. Mais, rien ne permettra de diminuer la surface de l'embouchure.
Si l’on compare maintenant la fréquence de coupure de ce HP monté sur un baffle plan infini. Celle-ci s’exprime par :
Dans le cas de l'Altec 515 avec Fs=37 hz et Qts=0,268 cela conduit à 128 hz. Donc ce même HP passera le 10hz monté sur un pavillon et ne descendra pas plus bas que 128 hz sur un baffle plan alors que le circuit électrique qui modélise son comportement ne diffère qu'un d'un seul composant qui est la résistance de rayonnement. Comme je le disais, ça change tout
Evidemment, ce HP est bien adapté à une charge pavillonnaire (Fs élevé, Qes faible, EBP qui vaut 130, élevé) et n'est pas du tout adapté à une radiation directe pour faire du grave.
Pour faire du grave on utilisera un BR, une Fs basse, un Qes élevé et un Xmax élevé. Si l'on choisit par exemple un alignement Tchebychev avec 1 db d'ondulation correspondant à un Qts de 0,624, la fréquence de coupure sera inférieure à la fréquence de résonance. Ce haut parleur ne sera pas adapté à la charge pavillonnaire parce que son Qts élevé ne permettra pas une bande passante élevée.
Conclusion :
L'idée de ce post était de montrer la différence de fonctionnement entre un HP à radiation directe et un pavillon avec un cas d'école (pavillon de grave de fc 10 hz).
Au vu de ces explications, on peut comprendre combien le HP à radiation directe est une aberration. Un rendement de seulement quelques pourcents, un fonctionnement dans la zone de contrôle par la masse du fait d'une impédance de rayonnement non constante en fonction de la fréquence (un coup de bol finalement, que ça donne une courbe de réponse plate en fréquence).
Bien évidemment, dans les très basses fréquences (<25 hz), les pavillons sont inexploitables et dans la zone jusqu'à 400-600 hz, ils sont de tailles imposantes.
Dans les TBF, on est alors amené à utiliser des HP à membranes lourdes sous-amorti avec quelques KW d'amplificateurs…
Cordialement
Jean